L'origine du nom


D'après Théodore Chalmel, l'origine et l'étymologie de Saint-Père-Marc-en-Poulet s'expliquent de la manière suivante. Saint-Père-Marc-en-Poulet est formé du gallois "Per" qui signifie Pierre, apôtre, à qui fut dédié le premier oratoire élevé sur l'emplacement de l'église actuelle et des mots "Marc-en-Poulet" ajoutés plus tard, probablement pour éviter une confusion possible avec Saint-Pierre-de-Plesguen, situé à 17 kilomètres au sud et peut-être fondé à la même époque. Le mot "Marc" dérive du Franck "marck" qui signifie dans un sens restreint : démarcation, limite, frontière. Saint-Père se trouve, en effet, sur la frontière du Clos-Poulet. Poulet est une contraction de Plou-Aleth, pays d'Aleth, nom officiel romain donné au territoire fermé par la mer, la Bruyère et la Rance, relié à la terre ferme par l'isthme étroit de Châteauneuf. Saint-Père-Marc-en-Poulet signifie donc saint Pierre sur la frontière du pays d'Aleth. Cette dénomination se retrouve dans les anciens textes des registres paroissiaux et même jusqu'à la Révolution, époque à laquelle Saint-Père-Marc-en-Poulet prend le nom de Père-en-Poulet.
 

 

 

Contexte historique


La fondation de la paroisse de Saint-Père-Marc-en-Poulet remonterait, semble-t-il, au 6e ou 7e siècle. Il s'agirait de l'une des plus anciennes paroisses du Clos-Poulet. En 1152, elle dépendait de l'évêché de Saint-Malo. Quatre églises s'y seraient succédées. La première aurait été construite vers le 6e siècle. Quant à l'église actuelle, elle a été bénie en 1904.

Il existait au lieu-dit la Mâre un prieuré et une chapelle dédiée à saint David. Ce prieuré dépendait de Léhon, près de Dinan et par suite indirectement de Marmoutiers depuis que Léhon était devenu prieuré de cette puissante abbaye. En 1182, Albert, évêque de Saint-Malo confirma les moines de Léhon dans la possession de la chapelle de la Mâre.

Au 15e siècle, le bourg détenait l'auditoire, la prison, les ceps et collier de la seigneurie de Saint-Père. Durant les guerres de Religion, Saint-Père-Marc-en-Poulet fut le lieu d'un massacre de ligueurs. En effet, une troupe de Ligueurs, sous les ordres du capitaine Jean d'Avaugour dit de Saint-Laurent, tomba dans une embuscade en 1597 : la troupe fut anéantie en allant secourir le château du Plessis-Bertrand en Saint-Coulomb.  

 

 

L'économie locale


Théodore Chalmel nous apporte beaucoup d'informations relatives à l'économie locale. Au 18e siècle, les céréales formaient la base de l'exploitation rurale. Le froment, le seigle et la paumelle (orge de printemps) occupaient les deux tiers des terres labourées. Le reste était en prairies artificielles, pommes de terre, colza, lin et chanvre. La culture des plantes textiles était répandue, et ce, déjà au 17e siècle. De nombreuses parcelles portaient les noms de chènevière et linière. Chaque métairie avait la sienne. Les particuliers y consacraient un coin de leurs jardins. L'avoine n'a jamais été cultivée pour la vente, mais seulement pour les besoins domestiques. Le sarrasin ou blé noir, importé au 16e siècle, prit une grande extension.

Au début du 19e siècle, les céréales ne furent plus la base de l'exploitation rurale. Elles cédèrent la place aux plantes industrielles : colza, lin, chanvre, pommes de terres, tabac, qui furent cultivées à grande échelle. La culture du tabac apparut en 1817, date de la première déclaration à la mairie. Après avoir été un instant florissante, cette culture diminua progressivement de 1900 à 1925, pour disparaître tout à fait en 1926.

Actuellement, il reste quelques séchoirs à tabac transformés à l'Ecure et à Beaulieu. Vers 1860, le lin et le chanvre occupaient plusieurs hectares et donnèrent naissance à la petite industrie locale qui exigeait une main-d'oeuvre affectée au rouissage, au teillage, à la production de la filasse et de la toile. Cette culture disparut vers 1880. Quant au colza, sa disparition se fit vers 1890.

Le pommier était l'arbre le plus planté. En effet, la fabrication du cidre occupait tous les cultivateurs, d'octobre à décembre.

Les moutons élevés dans les pâturages de l'estuaire de la Rance étaient très recherchés. En 1820, on comptait 300 têtes contre seulement 5 en 1902. 

 

 

Les Péréens


Jadis, la population de Saint-Père-Marc-en-Poulet était composée de petits cultivateurs, de journaliers, d'artisans (cordonniers, tisserands, charpentiers, couvreurs en paille, maçons, menuisiers ...) et de marins. Certains artisans des Gâtines (scieurs de long, charpentiers, tourneurs, perceurs, calfats, cordiers ...) étaient recrutés pour entretenir des chantiers maritimes. D'autres Gâtinais étaient pêcheurs ou matelots. En effet, depuis le 13e siècle, Saint-Père envoyait chaque année une trentaine de marins à la pêche à Terre-Neuve. Pendant que le mari travaillait au dehors, la femme, restée au village, cultivait la terre, prenait soin des enfants, du logis et du bétail. Il en résultait un double gain qui amenait une aisance relative, permettant à l'occasion, d'arrondir le domaine familial. Au début du 20e siècle, le Gâtinais se consacrait exclusivement aux travaux agricoles.